

Comment se remettre en selle politiquement après un été maussade, une campagne vaccinale qui piétine et un retrait catastrophique d’Afghanistan ? En tentant, comme l’a fait Boris Johnson, mardi 7 septembre, une « réforme historique » du système de santé anglais. Quitte à se mettre à dos une partie de son camp et à abandonner au passage ses propres promesses de campagne.
Le premier ministre britannique a annoncé une hausse inédite (+ 1,25 %) de l’assurance nationale (National Insurance), un impôt dû par les salariés et les employeurs et destiné à financer le système de santé britannique. Les sommes qu’elle générera – environ 12 milliards de livres sterling par an, soit près de 14 milliards d’euros – iront en priorité renflouer le NHS, l’hôpital public britannique, sous extrême tension depuis le début de la pandémie de Covid-19. Mais elles bénéficieront aussi au secteur de la dépendance, également en crise, qui connaît un manque structurel de personnel et s’avère trop coûteux pour de nombreux retraités.
« Le NHS nous a soignés quand nous en avions le plus besoin »
« Le NHS nous a soignés quand nous en avions le plus besoin. Il a traité avec héroïsme un demi-million de malades du Covid-19, et administré plus de 91 millions de vaccins. Mais le résultat de cet effort extraordinaire est une énorme liste de patients en attente de soins [au moins 5 millions], a expliqué M. Johnson, mardi, depuis la Chambre des communes. Notre plan pour la dépendance vise aussi à ce que les personnes âgées reçoivent les meilleurs soins possible sans avoir peur de s’acquitter de coûts insupportables. Notre NHS reste la fierté du Royaume-Uni et nous ferons en sorte qu’il continue à susciter l’envie dans le reste du monde. »
Le dirigeant avait certes solennellement promis, à son arrivée à Downing Street en juillet 2019, une réforme très attendue de la dépendance, jusqu’alors toujours repoussée. Mais il s’était aussi engagé, six mois plus tard, à la veille des élections générales de décembre 2019, à ne pas augmenter les impôts, tout en revalorisant considérablement les retraites. Mardi, Boris Johnson a aussi confirmé que les retraites ne progresseraient pas plus vite que l’inflation en 2022 – une autre annonce en forme de provocation, alors que les manifestos (les promesses de campagne) sont considérés avec le plus grand sérieux au Royaume-Uni.
Mais il y a plus grave pour les tenants de l’orthodoxie conservatrice. Au lieu de tenter de refermer la parenthèse pandémique (qui a donné lieu à d’énormes dépenses publiques pour soutenir l’économie), Boris Johnson continue à battre en brèche l’un des principaux arguments du parti tory dans la gestion de la crise : la rigueur budgétaire. Parmi ses critiques les plus véhéments, Marcus Fysh, président de l’Economic Growth Group, club de députés conservateurs, s’est dit « alarmé », dans les colonnes du Daily Telegraph, par « l’approche socialiste » du gouvernement.
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